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SASU EXPERTISES TELLIER – 49 RUE DE PONTHIEU 75008 PARIS
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Alberto da Veiga GUIGNARD (1896-1962)
Portrait de jeune femme
Retrato de mulher jovem
Portrait of a young woman
Huile sur toile (d’origine) signée en haut à droite et datée (19)28
Óleo sobre tela, assinado em cima à direita, datado de (19)28
Oil on canvas signed upper right and dated (19)28
71 x 50,5 cm
Sur la traverse supérieure du châssis, un numéro 1 à l’encre noire, une étiquette ancienne effacée et un numéro V 2967 à la craie bleue
Sur la traverse inférieure et sur la toile, deux cachets sont apposés, dont l’un bien lisible avec l’inscription « Douanes Nice-Gare »
Estimation : 30 000 / 40 000 €
Alberto da Veiga Guignard est né le 25 février 1896 à Nova Friburgo, dans l’Etat de Rio de Janeiro, au Brésil. Son grand-père paternel portait le nom de Guignard et était Français. 
Son père, Alberto José Guignard, mourut en 1906 et l’année suivante, sa mère, Leonor Augusta da Silva Veiga Guignard, se remaria avec le baron allemand Ludwig von Schilgen. Ils séjournèrent d’abord une année à Vevey (Suisse), puis à Momères (France) pendant deux ans, et enfin à Nice avant de rejoindre l’Allemagne où Guignard termina sa scolarité en 1915 à Munich. De 1917 à 1922, il étudia à l’Académie des beaux-arts de cette ville et eut comme professeurs Hermann Groeber (1865-1935) et Adolf Hengeler (1863-1927). Lors de son séjour européen, qui dura jusqu’en 1929 année où Guignard partit définitivement au Brésil, il visita de nombreux musées complétant ainsi l’enseignement académique qu’il avait reçu. Vers 1918, il séjourna à Grasse, voyagea en Suisse, puis en Italie en 1919, particulièrement à Florence, où il peignit pour la première fois. En 1920, Guignard retourna à Munich, fit la connaissance l’année suivante du peintre argentin Emilio Pettoruti (1892-1971), et y exposa un dessin au Salon de 1922. Guignard épousa en 1923 Anna Döring (1898-1930), musicienne d’origine russe, fille du propriétaire de la pension où il vivait à Munich, laquelle le quittera peu de temps après.
En 1924, Guignard fit un court voyage au Brésil et participa à la XXIe Exposition des beaux-arts de Rio de Janeiro y montrant cinq dessins et un autoportrait à l’aquarelle et au pastel pour lequel il reçut une mention honorable. 
En 1925, il vécut à Florence pendant trois ans. Il y admira les œuvres de Botticelli qu’il considérait comme le plus grand peintre. C’est lors de son séjour florentin que sa mère mourut à Menton en 1926.
En 1927, il participa au Salon d’Automne à Paris où il exposa deux toiles :
Portrait d’un garçon, Florence (n° 2106) et Portrait de M. Richard (n° 2107).
En 1928, il renouvela sa présence à ce Salon avec deux toiles : 
Catherina (n° 2007) et Le Mas de Luce (n° 2008).
Le catalogue du Salon d’Automne nous apprend que Guignard habitait en 1928 à Grasse, au Mas de la Tour Saint-Jacques. C’est cette année-là qu’il peignit, vraisemblablement à Menton, le tableau que nous présentons. Une photographie inédite que nous a transmise M. Marcelo Bortoloti, qui prépare actuellement une thèse de doctorat en histoire de l’art sur Alberto da Veiga Guignard à l’université de Rio de Janeiro et que nous remercions, nous montre le peintre dans un luxuriant jardin assis derrière son chevalet sur lequel est posé notre tableau encadré. A sa gauche, une jeune femme est assise, légèrement de profil, un tissu est tendu derrière elle entre deux arbres et une couverture recouvre le bas de son corps. Nous n’avons pu malheureusement obtenir l’autorisation de reproduire cet important document, mais nous pourrons le montrer aux personnes intéressées.
Dans son tableau, Guignard représente une jeune femme de face et en buste, que nous n’avons pu identifier avec certitude, blonde aux yeux bleus, portant une robe et un chapeau cloche qui sont typiques des années 20. La forme est définie par un cerne noir, l’une des caractéristiques du fauvisme français et de l’expressionnisme allemand : il n’est qu’à regarder par exemple le Portrait d’une jeune femme de Gabriele Münter datant de 1909 et conservé au Milwaukee Art Museum. Le fond du tableau, sur lequel la jeune femme se détache, est composé, comme le montre la photographie évoquée ci-dessus, d’un tissu avec un motif tendu derrière elle. La palette est faite de blanc, de gris, de noir, d’ocre, de vert, de rose et de bleu. Le peintre applique de larges coups de brosse et la pâte est comme triturée. Malgré des couleurs relativement vives, il émane de ce portrait une certaine douceur.
Guignard partit définitivement au Brésil en 1929. Il y peignit notamment des paysages du Minas Gerais, des natures mortes, des portraits, des compositions religieuses, son style ne cessant d’évoluer. Il mourut à Belo Horizonte en 1962. De nombreuses expositions et rétrospectives lui ont été consacrées au Brésil, mais aussi au Venezuela, en France, au Portugal, en Espagne, en Suisse, en Allemagne et aux Etats-Unis. Un musée lui est dédié à Ouro Preto (Brésil).
Notre tableau, connu par une photographie inédite, est une redécouverte importante dans l’œuvre d’Alberto da Veiga Guignard car il marque une étape dans l’évolution de son style. Par ailleurs, la présentation en vente aux enchères d’une toile de cet artiste sur le marché français est exceptionnelle. Selon Artprice, toutes les œuvres de Guignard sont passées en ventes soit au Brésil, soit aux Etats-Unis, à l’exception d’une en Allemagne et d’une autre en Suède. Le 13 août 2015, la maison de ventes Bolsa de Arte à Rio de Janeiro a adjugé à 1 398 600 € une huile sur toile de Guignard représentant un bouquet de fleurs et datée de 1930. Il s’agit de l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue aux enchères d’un artiste brésilien.

Biblliographie : 
Max Perlingeiro, Lélia Coelho Frota, Cláudio Valério Teixeira, Alberto da Veiga GUIGNARD (1896-1962), Rio de Janeiro, Edições Pinakotheke, 2005 
Nous remercions M. Marcelo Bortoloti de nous avoir aimablement confirmé l’authenticité de cette œuvre.
Expert : Marc-Henri TELLIER, membre de la CEFA
Vente Guéry Enchères / Rouen le 23 juin 2019, lot 133
Adjugé (frais compris) : 38 920 €